Le mythe du “petit truc" qui manque


Morgan Petitniot

Article du 01 novembre 2025



On l’a tous pensé un jour.

“Il me manque juste un petit truc.”

Ce “petit truc” qu’on espère trouver dans une vidéo YouTube, dans un conseil d’ami ou dans un cours, en se disant que ce sera le détail qui fera enfin qu’on skie bien.

Le ski est plein de skieurs intelligents, passionnés, qui fonctionnent comme ça : ils ne se sentent pas perdus, ils savent descendre toutes les pistes, mais ils sentent aussi qu’ils ne maîtrisent pas vraiment.

Et quand la neige change, que la pente s’accentue ou que le terrain devient irrégulier, tout devient moins fluide. Alors ils se disent :

“Je dois juste comprendre le petit truc qu’il me manque.”

Mais c’est rarement un petit truc, une astuce ou un manque de talent.


Le faux sentiment de “presque”

Ce sentiment vient du fait qu’on arrive déjà à descendre.

On se dit : “Si j’arrive à faire tout ça, c’est que tout est en place — il ne me manque qu’un détail.”

En réalité, descendre une piste rouge, noire ou des bosses n’a jamais été un indicateur de bonne technique.

C’est juste la preuve qu’on a trouvé un moyen de compenser.

On a appris à s’en sortir, pas à maîtriser.

Et tant que les compensations fonctionnent “à peu près”, on a l’illusion d’être proche du but.

Mais le ski ne pardonne pas les fondations fragiles : il suffit d’un changement de neige, de rythme ou de terrain pour que tout se déséquilibre.


Les terrains qui révèlent tout

Les bosses, la neige trafolée, la poudreuse, la forêt, les pentes plus raides…

Ce ne sont pas des “terrains à part” ni des disciplines spécifiques.

Ce sont des miroirs.

Ils révèlent les failles de votre technique.

Ce n’est pas la bosse qui pose problème, ni la pente, ni la quantité de neige.

C’est ce qu’elles mettent en lumière : le manque de précision dans un mouvement fondamental, le timing d’une flexion, un contrebalancement trop tardif, un mouvement de pied insuffisant.

Quand on comprend ça, on arrête de chercher des “techniques spéciales pour la poudreuse” ou des “astuces pour les bosses”.

On revient au vrai sujet : les bases.


Le principe fondamental

En ski, chaque difficulté révèle un manque dans les fondamentaux.

Et dans le système que j’utilise dans mon ski et que j’enseigne, ce sont les 5 essentiels :

basculement latéral des pieds, flexion, contrebalancement (CB), counteracting (CA), et équilibre avant/arrière. Et leur combinaison.

C’est tout.

Peu importe la neige, le terrain ou le type de virage — si l’un de ces piliers n’est pas ou peu présent la difficulté ressort quelque part.

C’est pour ça que les meilleurs skieurs du monde — ceux qu’on regarde avec admiration — utilisent les mêmes mouvements partout.

Ils ne changent pas de technique selon la neige.

Ils ajustent le timing, l’amplitude et le dosage, mais la mécanique reste identique.


Le vrai piège du “petit truc”

Chercher le “petit truc qui manque”, c’est souvent une manière de fuir l’essentiel.

Parce que retravailler les bases, c’est moins excitant que d’apprendre une nouveauté.

Mais c’est là que tout se joue.

Tant que les fondamentaux ne sont pas automatisés, chaque contexte devient un test :

  • la bosse amplifie un défaut de timing,
  • la neige dure révèle un manque d’équilibre,
  • la pente raide fait ressortir les erreurs dans l’ordre des mouvements ou les mouvements inefficaces,
  • la poudreuse punit l’absence d’un virage court solide.

Ce n’est pas un hasard : c’est la même cause, dans des décors différents.

Ce que j’ai appris en le vivant

Même en tant que moniteur, je le ressens.

Quand je retourne dans les bosses après un long moment, je me fais surprendre.

Je tape, je suis un peu en retard, je sens que je dois recalibrer mon timing.

Et pourtant, je connais les mouvements.

C’est une piqûre de rappel : même avec des bases solides, il faut les réactiver.

Pas les réinventer, les réancrer.

C’est ça, la vraie progression : la capacité à revenir aux fondamentaux quand tout se complique.

La voie durable

Quand on arrête de chercher le “truc” et qu’on se concentre sur les fondamentaux,

le ski redevient simple, cohérent et prévisible.

On comprend pourquoi on rate, et surtout comment corriger.

Chaque descente devient un feedback clair, pas une énigme.

Et c’est là qu’on commence à vraiment maîtriser.

Les terrains difficiles cessent d’être une épreuve : ils deviennent un terrain de jeu.

En résumé

Si ça bloque quelque part, ce n’est pas qu’il manque un détail.

C’est que quelque chose d’essentiel n’est pas encore automatique.

Revenez-y, encore et encore.

C’est la seule “astuce” qui fonctionne — et elle n’a rien de magique.

Elle est juste fondamentale.

Mettre en pratique

Si vous voulez mettre ces principes en pratique,

vous pouvez découvrir les 5 essentiels et les bases du ski parallèle sur Skiflix,

la plateforme que j’ai créée pour guider les skieurs vers une technique claire, fluide et efficace.

Vous y verrez comment chaque mouvement s’enchaîne, et comment les 5 essentiels structurent une vraie progression.

Le but n’est pas d’en faire plus, mais de comprendre enfin ce qu’il faut faire, quand et comment le faire.

C’est le socle de tout le reste.

Vous comprendrez vite qu’il ne manque pas un “truc” à votre ski : il manquait simplement un plan clair.


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